Nous venons de rentrer de nos 4 jours en Amazonie et je dois bien avouer que c’est le cœur lourd et la gorge nouée que j’écris ces quelques lignes . Nous y serions bien restés quelques jours de plus.
Direction le parc de Manu, situé dans les forêts pluvieuses des départements de Cusco et de Madré de Dios. Il a été déclaré patrimoine culturel de l’humanité en 1987 par l’Unesco car il referme la plus grande biodiversité biologique de la planète. Waouh!!!
Nous entamons notre périple en bus depuis Cusco avec 3 californiennes et avec l’équipe , Ronald notre guide , Nora notre cuisinière, Pascual notre chauffeur. C’est une vraie expédition. Nora s’arrêtera sur la route afin de négocier du pain, de la viande, des fruits et des légumes pour notre périple. Nous goûtons le pain de Cusco qui se mange aisément seul, qui est légèrement brioché et sucré dont les enfants raffolent.
Le voyage sera long puisqu’il prendra environ 12 heures. Nous nous arrêtons dans un petit village typique, Paucartambo, où tous les ans en juillet tient place un festival de danse traditionnelle. Le guide nous explique que chaque ville a ses propres danses, histoires. Les danseurs portent des masques, ce qui leur permet de se désinhiber.
Nous visitons un petit musée sur l’Amazonie, ses tribus, ses mystères, sa magie ! Ronald nous confie qu’il a consommé à deux reprises de l’Hayahuasca et que son esprit a communié avec la nature. Que cette expérience est extraordinaire et qu’elle nous ouvre les yeux sur le monde, sur nous mêmes. Quand on demande aux chamanes amazoniens la façon dont ils ont découvert tous les bienfaits de ces plantes médicinales, ils répondent à l’unanimité, grâce aux esprits, aux entités de la forêt qui nous ont menés à ces connaissances, grâce à la prise d’Hayahuasca.J’avoue que ce mélange me fascine et que bizarrement mes rencontres me mènent inlassablement vers ce voyage spirituel. Il paraît qu’il vous emmène vers ce que vous voulez réellement au fond de vous. Il révèle tout votre être face à la terre, la vie, le monde, la nature dont nous faisons partie intégrante. Comment ne pas y succomber … Je sens qu’ Errol va bientôt me retrouver au fin fond de l’Amazonie convertie en chamane:)
Nous arrivons à l’orée de Manu. Nous nous baladons sur un chemin dont la végétation est dense avec ses longs arbres dont les ramifications n’opèrent que tout en haut et dont les racines sortent en dehors du sol. Ces arbres longilignes se battent entre eux. Nous découvrons quelques uns de leurs cadavres, ce qui permet aux jeunes de bénéficier d’un peu de lumière, tellement rare. Nous nous éloignons du chemin pour découvrir une chute d’eau et j’immortaliserai ce moment avec Lucas qui est surexcité ! Il se prend pour Indiana Jones.
Nous sommes au milieu de la nature brute, sauvage, tout ce qu’il aime. Nous aurons l’ occasion de voir des cock of the rock, l’animal national du Pérou et qui est surprenant . Je vous laisse juge. Nous observerons également des papillons qui se rassemblent pour mourrir. Les enfants sont subjugués. Manon et son cher papa qui sont à la traîne seront les seuls à apercevoir des singes.Nous commençons à entendre les cris des oiseaux … à rentrer dans le vif du sujet.
Le bus nous laisse dans un petit village, sale, authentique, des oies, des cochons, chiens et chats cohabitent joyeusement avec ses habitants. Nous sommes tous heureux d’être la.
Un petit bateau à moteur nous attend. Nous traversons le rio Madré de Dios (affluent de l’Amazone). Je ne suis pas rassurée le courant est vraiment très fort. Et une troupe de caïmans blancs habitent cette rivière. Après une traversée au coucher du soleil pendant une bonne demi heure, nous nous enfonçons dans la jungle.
Sans chemin. Hostile. Ronald coupe la végétation à la machette afin de nous frayer un chemin. Les chants et autres cris animaliers sont présents et encore plus forts que je ne l’imaginais. Ils se parlent, se battent, s’intimident et ce, sur leur territoire. On se sent étrangers et tout petits. Au bout de 10 minutes de marche, au détour d’un arbre géant et longiligne, une pelouse… une nature peu à peu domptée. Nous sommes arrivés au lodge. Il s’agit de petites cabanes sur pilotis sans électricité. Les enfants sautent littéralement de joie. Nous dînerons à la chandelle avec nos amies californiennes si expressives et optimistes (j’adore) et notre cher guide Ronald, réservé, passionné et cultivé. La nourriture est simple mais parfaitement réalisée. Nous savourons. Puis nous nous tairons en observant un ciel sans pareil avec sa voie lactée dont nous devinerons le lama et le serpent, dense, si proche dont les étoiles par milliers scintillent. Silence complet. Nous nous couchons de bonne heure car une fois de plus, nous quittons les lieux à 5 heures du matin. Nous nous lançons pour une bonne petite randonnée de 4 heures. Nous sommes investis par les moustiques. L’humidité est de 40 % environ et déjà nous transpirons tous beaucoup. Un arbre perd son écorce comme système de défense (il glisse), un arbre s’est rallié aux fourmis et forme une symbiose parfaite avec elles, nous mangeons des termites qui ont un goût mentholé plutôt agréable (les enfants se prêtent au jeu sans rechigner), la danse des fourmis nous fait bien rire, les papillons sont gigantesques avec des couleurs très diverses, les oiseaux sont partout, de tailles et de robes différentes. Le colibri s’avance juste devant moi et son battement d’ailes me laisse coi…. Nous sommes tous des enfants, émerveillés devant cette nature brute. Manon ouvre la marche pendant toute la randonnée et suscite l’admiration de tous. Nous ne sommes pas peu fier. Après cette randonnée éprouvante malgré tout, nous nous jetons tous sans aucune hésitation dans une petite rivière bien vivace et fraîche. Nous exaltons ! Que de rires à gorge déployée .Les enfants et Errol se reposeront toute l’après midi et je m’évaderai pour la première fois depuis le début du voyage seule pendant quelques heures. Ils me manquent.
Nous admirons des oiseaux en bateau à rame sur un lac, et nous marcherons pendant 2 heures dans la jungle. Pas de singes à l’horizon. Nous rentrons en bateau.
Les américaines repartiront le lendemain matin. Nous sommes seuls en famille avec Ronald ! Quel luxe ! À nouveau Manon tient à cœur son rôle d’ouvreuse et nous voilà partis dans la montagne pour 3 bonnes heures de marche. Nous sommes en pleine saison des pluies et l’orage et la pluie torrentielle ont frappé toute la nuit. Je vous laisse imaginer l’ état de la jungle dans laquelle nous grimpons. Nous escaladons des arbres morts, nous nous enfonçons dans la boue jusqu’aux genoux. C’est bien roots. Lucas commence à râler … son costume d’aventurier ne lui convient plus dans ce contexte et j’avoue que je suis prête à rendre les armes et faire marche arrière lorsque nous arrivons à un point de vue sur la rivière qui nous réconforte. Puis, on entend un arbre s’agiter, puis deux, je reçois des gouttes sur le visage, des feuilles, les singes. Oui, ce sont les singes! Ce n’est pas vrai, nous courons tous en remontant avec le peu d’énergie qui nous reste et là , un premier singe. Puis un deuxième, une maman avec son bébé singe sur le dos, le mâle alpha qui essaie de nous intimider. Il casse des branches et nous les jette dessus! Il nous regarde droit dans les yeux. Lucas et moi pleurons de joie. Nous resterons une bonne heure à les observer, à jouer avec eux en remuant les arbres. Puis nous redescendrons la montagne et ils nous suivront tout du long afin de s’assurer que nous quittons bien leur territoire ! Heureusement nous réussirons à éviter les branches tout le long ! Ce sont des singes laineux.
Lucas ira cueillir des noix de coco sur leur arbre en montant par mégarde sur un nid de fourmis petites mais très voraces ! Il s’en souviendra et nous aussi !
L’après midi, nous pêchons. Nous attrapons un mini poisson chat que les enfants savourerons le soir au dîner. C’est le nouvel an. Nous mangeons une sorte de riz cantonnais que les péruviens mangent lors de fêtes accompagné d’un chocolat chaud. Le mélange ne m’emballe qu’à moitié mais les enfants se délectent. Nous boirons joyeusement un champagne péruvien afin de marquer le coup. Errol laissera son verre à moitié plein , c’est pour dire la qualité de celui-ci! Feliz ano nuevo 2017! Elle s’annonce plutôt bien cette nouvelle année !!!!
Le lendemain retour en bus à Cusco toute la journée.Une partie de notre âme est restée là bas.
Sinoun.
J’adore ! Trop bien vos aventures, continuez de nous raconter !
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